Autodéfense intellectuelle

Combattre le TPMG (Tout Pour Ma Gueule) ?

Dois-je ne prendre qu'une petite part du gâteau, suffisante pour apaiser ma faim, et permettre aux autres d'en avoir également, tout en sachant que certains, eux, n'hésiteront pas à prendre plus, simplement parce qu'aucune force / autorité / instance supérieure ne les en empêche concrètement ?

Sujets : déni, auto-questionnement, changement de paradigme, collectif VS indivisuel

Article en cours de rédaction.


Tout démarre avec la lecture de cet article publié par le média "Bon Pote" :

https://bonpote.com/un-voyage-a-tahiti-offert-ca-vous-tente/?fbclid=IwAR32fxTjiELPHsqoGk6cTxuJQc8XnqXluRiqami7E9BfpN-St6BIJe1Nt-o

“En connaissant les conséquences environnementales, iriez-vous à TAHITI si on vous offrait le vol aller-retour ? (Vous pouvez remplacer Tahiti par une autre destination, l’important ici c’est l’impact environnemental) “.

Sur la base de cette question, l'auteur a récolté de nombreuses réponses qu'il a utilisées pour dégager des tendances.

La qualité du travail et les résultats proposés par l'auteur m'ont incité à laisser, sur la publication Facebook qui renvoie à l'article, un commentaire de remerciement, agrémenté de quelques réflexions.
L'article traitant lui-même de notre manière de réagir aux discours sur le climat, l'environnement et nos modes de vie, je décide de jeter un oeil aux commentaires.

Et je tombe notamment sur celui-ci :

En même temps, ce n'est pas comme si vous ne le cherchiez pas un petit peu en vous permettant d'utiliser des "il faut" ou "nous devons" (vous êtes qui pour me dire ce que je dois ou peux faire ou pour dicter des "valeurs universelles"?) et en utilisant fréquemment le futur par rapport aux mesures que vous prônez alors que rien n'indique qu'elles seront jamais appliquées (je vous garanti que la viande et les voyages en avions m'accompagneront jusqu'à mon dernier souffle et ce ne sont pas pas vos "nous devons" qui y changeront quoique ce soit). D'ailleurs, jamais nous n'atteindrons les 2To/CO2 par an (sans même parler des 0.5). Mais après, laissons les rêveurs rêver.

Le simple usage du conditionnel "il faudrait moins d'avions" (exemple) adoucirait le propos (pire, en vous montrant moins extrémiste, vous pourriez peut être même faire adhérer plus de monde à votre cause). Mais évidemment, ca ferait moins "populiste Green", ce qui est votre fond de commerce.

Ceci dit, même si votre cause s'attaque frontalement à un certain mode de vie (dont le miens, et je n'en ai pas la MOINDRE honte), cela ne justifie pas les menaces. D'abord parce qu'objectivement, en l'état, vous n'êtes absolument pas une menace sérieuse. Vous n'avez aucun pouvoir et même si certains veulent croire l'inverse, la majorité n'est pas prête à vous suivre dans les "plus de viande, plus de voyages, plus de bagnole, vivons d'amour et d'eau fraiche dans la décroissance". Ensuite, parce qu'il y a la liberté de penser (ca va dans les 2 sens ceci dit, ca vous arrive de l'oublier avec un léger complexe du messie). Vous avez votre combat et vous y croyez dur comme fer, très bien. On peut aussi vous accorder que le travail de fond de vos articles est poussé.

Bref, malgré le fait que je combattrai vos idées jusqu'au bout pour assurer mon confort de vie (on vit pour soi avant tout, non, il n'y a aucune obligation morale à se soucier de l'avenir de l'espèce), cela peut se faire sans ultra-violence verbale. Par contre, il est évident que toute hostilité entrainera de l'hostilité. Et que si les Verts devaient passer à des actions plus brutales pour imposer leur vision (et je m'attends à ce que l'éco-terrorisme fasse son apparition), la réaction sera toute aussi brutale.

Ce commentaire est très intéressant : plutôt que d'être purement bête et méchant, l'auteur y articule certaines réflexions qui prennent les atours du (presque) bon sens et de la raison.
Le ton provocateur (limite troll ?) et assumé a forcément suscité de nombreuses réactions, dont une qui dévoile assez rapidement la tentative d'escroquerie mentale qui est ici à l'oeuvre :

Le pire c'est qu'ils te parlent de Chine alors que ce sont eux qui soutiennent ce genre de régimes et de politiques. Ils demandent toujours plus d'autorité, cautionnement toujours plus d'inégalités, méprisent la liberté, éduquent leurs gosses pour qu'ils sachent obéir, traitent de fous les révolutionnaires, et restent confortablement assis dans leur canap qd tout se casse la gueule. Ce sont eux les assistés du système mais ils sont capables de te retourner le truc.. Et ils y croient vraiment 😅

Je crois que comme souvent, une part de "la vérité" se trouve à mi-chemin entre les deux.

Toutefois, j'avoue avoir vraiment une réaction épidermique avec le premier commentaire car il me renvoie à de nombreuses personnes dans mon entourage, et soulève la question qui est finalement évoqué de manière sous-jacente dans l'article d'origine :

Sommes-nous collectivement et individuellement prêts à nous engager de manière volontaire dans des modes de vie plus sobres ?

Clairement, la réponse est "NON".

Et ce "NON" relève de notre incapacité à changer de paradigme.

Il relève également d'un état de dissonance cognitive et de déni, dans une société qui nous bombarde en permanence d'injonctions contradictoires.

"Cette voiture peut rouler à 250 km/h, mais n'excédez pas les 130 km/h."
Ou le fameux "Consommer avec modération" écrit en tout petit en bas...
"Soyez enfin vous-mêmes en toute simplicité..." En achetant notre produit...
Le neuro-marketing en pleine action.

"Ils" veulent nous empêcher de vivre comme on veut, et "ils" nous menacent.

"Le déni génère souvent des attitudes agressives et insultantes. Il s’agit de dévier de la cible toute la colère et de trouver un bouc émissaire qui donne corps au narratif dont on se berce pour ne pas affronter une réalité bien trop difficile à regarder."

(Note : J'ai perdu la référence de l'auteur, désolé...)

Il n'y a plus a débattre : il y a des éléments factuels, et en réponse des postures mentales.

La posture mentale dominante est hélas celle du déni, et je n'arriverai jamais à la comprendre.

Le dilemme du gâteau.

Je crois que toute la question se résume au dilemme du gateau, également connu sous le nom de syndrôme TPMG (Tout Pour Ma Gueule) :

Dois-je ne prendre qu'une petite part du gâteau, suffisante pour apaiser ma faim, et permettre aux autres d'en avoir également, tout en sachant que certains, eux, n'hésiteront pas à prendre plus, simplement parce qu'aucune force / autorité / instance supérieure ne les en empêche concrètement ?

Autrement dit, dois-je "accepter de faire des sacrifices individuels" alors que "les autres" continuent à se gaver ?